Rabindranath Tagore and his Franco-Indian relationship
Jayita Basak, SACT, Chandernagore College,
Abstract
The relation between Rabindranath Tagore, Nobel Lauriat and France was very important. It was started with his grandfather, Dwarakanath Tagore’s visit in France and continued with his brothers, especially Jyotirindranath Tagore. Before expanding his glory everywhere in the world in 1913, the talent of Tagore had been attracted by French personalities like famous traveler Alexandre David Neel and poet, Saint John Perse, Ambassador of France in London. Saint John Perse would like to meet Tagore and he wrote to him. Fox-Strangways had given him anintroductory letter for this Bengali poet. Tagore was well received by Saint John Perse. It was a good discussion of subjects of translation of Gitanjali in French. His meeting with Romain Rolland created a new historical relation and started a new global and intellectual aspect. Tagore became a regular visitor of “La Maison Autour Monde”, it was a house of famous business man and patron of Art, Albert Kahn. Sylvain Levi, the first guest French professor came to Viswa Bharati, Santiniketan in 1921, whose collaboration made an initiative of Tagore to establish his university. His relation with France and French people played an important role in the global context.
Key-words : Rabindranath Tagore , relation franco-indien , Romain Rolland , Sylvain Levi, Gitanjali
Rabindranath Tagore et sa relation franco-indienne
Résumé
La relation entre Rabindranath Tagore, Lauréat de prix Nobel et la France était très importante. Ça commençait avec la visite de son grand-père Dwarakanath Tagore en France et continuait avec ses frères, spécialement Jyotirindranath Tagore. Avant répandre sa gloire partout dans le monde en 1913, le talent de Tagore avait été déjà attiré par des personnalités françaises comme célèbre voyageur Alexandre David Neel et le poète Saint John Perse, Ambassadeur de France à Londres. Saint John Terse voudrait rencontrer Tagore et il a lui écrit. Fox-Strangways avait lui donné une lettre d’introduction pour ce bengali poète. Tagore a été bien accueilli par Saint John Perse. C’était une discussion des sujets de la traduction de Gitanjali en français. Son rencontrer avec Romain Rolland a créé une nouvelle relation historique et a commencé un nouvel aspect mondial et intellectuel. Tagore devenait un visiteur régulier de « La Maison Autour Monde », c’était une maison de célèbre homme d’affaire et patron d’art Albert Kahn. Sylvain Levi, le premier professeur invité français est venu à Viswa Bharati, Santiniketan en 1921, dont collaboration a fait l’initiative de Tagore pour établir son université. Sa relation avec France et les français aussi a joué un rôle important dans le contexte mondial.
Les mots-clés : Rabindranath Tagore , relation franco-indienne, Romain Rolland , Sylvain Levi, Gitanjali
Introduction
Né en 1861, Rabindranath Tagore était tout à la fois poète, compositeur, écrivain, dramaturge, peintre et philosophe. Il composait de la musique et c’est la seule personne au monde à avoir composé deux hymnes nationaux : celui du Bengladesh et de l’Inde. Dans ce pays-là il est connu pour ses chansons comme George Brassens en France, ou Félix Leclerc au Québec. En plus d’être le premier lauréat du Prix Nobel de Littérature non-occidental, Tagore a une œuvre picturale de plusieurs milliers de toiles et dessins. Il est aussi auteur de nouvelles, de pièces de théâtre, d’un opéra et de manuels scolaires, bref c’était un polymathe extraordinaire. En Occident, il a longtemps été présenté comme un poète mystique qui pourrait éviter la catastrophe de la guerre mondiale qui se tramait. Cette présentation était fausse, insuffisante.
La relation entre Rabindranath Tagore et la France était très importante. Ça commençait avec la visite de son grand-père Dwarakanath Tagore en France et continuait avec ses frères, spécialement Jyotirindranath Tagore. Avant répandre sa gloire partout dans le monde en 1913, le talent de Tagore avait été déjà attiré par des personnalités françaises comme célèbre voyageur Alexandre David Neel et le poète Saint John Perse, Ambassadeur de France à Londres. Saint John Terse voudrait rencontrer Tagore et il a lui écrit. Fox-Strangways avait lui donné une lettre d’introduction pour ce bengali poète. Tagore a été bien accueilli par Saint John Perse. C’était une discussion des sujets de la traduction de Gitanjali en français. Son rencontrer avec Romain Rolland a créé une nouvelle relation historique et a commencé un nouvel aspect mondial et intellectuel. Tagore devenait un visiteur régulier de « La Maison Autour Monde », c’était une maison de célèbre homme d’affaire et patron d’art Albert Kahn.
Sa gloire de poète fut de vivre
Son poème, et de la vivre
Intégralement de tout son
Intégrité d’homme et de vivant.
( Hommage à la Mémoire de Rabindranath Tagore, in La Revue Française, 1961)- Saint John Persé.₁
Après avoir séjourné près de deux mois en Angleterre, Rabindranath Tagore arrive en France au début du mois d’août 1920, accompagné de son fils aîné, Rathindranath, et de sa belle-fille. Albert Khan met à leur disposition un logement dans sa maison de Boulogne-sur-Seine. Banquier richissime et idéaliste, il est le créateur des bourses de voyage « Autour du monde » (1898) et des Archives de la planète (1909), qui envoient de jeunes agrégés observer le monde et des photographes ou des cinéastes constituer une collection de documents ethnographiques. Contre les passions nationalistes qui se déchaînent, il s’agit d’éclairer les élites et de favoriser des relations apaisées et fraternelles entre les peuples. Tagore et ses proches se sentent comme chez eux chez ce mécène à la curiosité très large, et qui les accueille avec générosité. L’écrivain indien ne prêche-t-il pas un message de réconciliation entre les peuples comparable à celui du maître des lieux ? À côté de leurs diverses sorties à l’Opéra ou dans des expositions de peinture, les Tagore reçoivent de nombreux visiteurs dans les magnifiques jardins couverts de fleurs que le banquier a fait aménager autour de sa maison, et ils rencontrent maintes personnalités de la vie intellectuelle et mondaine : Sylvain Lévi, le plus célèbre indianiste du temps, Henri Bergson, Anna de Noailles, Victoria Ocampo, la comtesse Renée de Brimont ou Nathalie Clifford-Barney.
Mais Tagore, surtout désireux de rencontre André Gide et Romain Rolland, demande à son fils de prendre contact avec eux et d’arranger une rencontre. Dans ses mémoires parues en 1958, Rathindranath raconte ses démarches, en commençant par son entrevue avec Romain Rolland :
Avec grande difficulté je me procurai son adresse, et un jour, je grimpai les nombreuses volées d’un escalier lugubre vers un appartement situé au dernier étage d’un immeuble, et frappai à la porte. Je n’avais jamais rencontré Rolland, ni vu une photographie de l’auteur. Une silhouette d’aspect fragile et plutôt vieillote semblable à celle d’un maître d’école, ouvrit la porte, et je ne fus pas vraiment impressionné par son apparition. Son nom était tellement plus romanesque. Ses livres et son nom avaient suscité dans mon imagination l’image d’une personnalité très séduisante. À présent que je le rencontrais enfin, je ne savais que dire. Je me rendis rapidement compte que Rolland ne parlait pas un mot d’anglais, et mes quelques mots de français étaient de peu de secours. Je m’empressai donc de partir sans avoir rempli ma mission₂.
Romain Rolland aura plus tard à plusieurs reprises l’occasion de s’entretenir avec Rabindranath Tagore, mais toujours en présence de sa sœur Madeleine qui sait l’anglais et qui leur sert d’interprète. En cette journée d’août 1920, ce dernier est apparemment absent et ni le fils du prix Nobel de littérature 1913, ni le prix Nobel de littérature 1915 ne peuvent engager la conversation. L’un est un Bengali qui parle couramment anglais mais qui ne sait que quelques mots de français, l’autre un Français qui connaît l’allemand mais ne comprend rien à l’anglais. Autre déception : l’image fantasmée que le jeune Indien a conçue de Rolland ne correspond ni à l’homme qu’il a en face de lui, ni au cadre dans lequel il vit.
En France, André Gide a traduit L’offrande lyrique qui a eu une visibilité importante à une époque avant de complètement tomber dans l’oubli. Finalement, c’est aux États-Unis, notamment à travers des philosophes de l’éducation et de la politique, qu’on s’est de nouveau intéressé à Tagore. Gide a dit : « Je ne crois pas connaitre, dans aucune littérature, accent plus solennel et plus beau. »₃
La rencontre de Rathindranath Tagore avec André Gide n’est pas davantage couronnée de succès.
Alors que je faisais une promenade matinale avec ma femme et Andrée Karpelès à la lisière du bois de Boulogne, derrière Auteuil, notre amie montra du doigt une maison dotée d’une curieuse architecture moderniste, en disant que c’était là que vivait Gide. Elle précisa tout de suite qu’il était très excentrique et qu’il ne recevait aucun visiteur. Nous prîmes cependant la décision de tenter notre chance et frappâmes à sa porte. Après quelques minutes d’attente, nous frappâmes une seconde fois. […] tout d’un coup la porte fut ouverte par un homme en robe de chambre légère. Il nous regarda un moment, ouvrit largement la porte et disparut en un clin d’œil. Pendant un instant nous vîmes seulement une silhouette volante grimper les escaliers deux à deux pour finalement disparaître à l’intérieur de la maison mystérieuse et originale. Andrée expliqua que c’était seulement la timidité qui poussait Gide à se comporter de la sorte₄.
En histoire de la pédagogie, il y a une longue tradition « pédocentriste », centrée sur l’enfant, de Rousseau à John Dewey (1859-1952) qui a testé des idées très importantes. Souvent les expérimentations qui ont été faite avec ce type d’école non pas été testée ou avaient lieu dans des conditions favorables qui ne se généralisent pas.Ivan Illich avec d’autres vont être à la source du Home schooling ou du unschooling, qui le fait de pratiquer l’école à la maison ou de ne pas scolariser, devenu très populaire aux États-Unis et qui commence à se développer au Québec ou en France.
Tagore a été marqué par la civilisation occidentale, indienne, musulmane et tenté – ce qui n’est pas facile – de dessiner une ligne qui évite tout à la fois l’écueil du nationalisme et du repli identitaire tout en reconnaissant l’importance du nationalisme pour forger sa personnalité ; et une ouverture aux autres qui n’est pas béate, mais qui tente plutôt de conjuguer ce qu’il y a de meilleur en chacun de nous.
Son université se veut le lieu où toutes les cultures se rencontrent, se croisent et s’enrichissent. Il disait en substance :
« sitôt que nous comprenons et aimons une œuvre, peu importe sa provenance, elle devient nôtre. Qu’on me laisse y goûter sans m’empêcher de penser que toutes les gloires de l’Humanité sont à moi »₅.
Il pense qu’il est possible de réunir toute l’Humanité autour de ce que chacun à apporter de mieux : la culture, le savoir, la création. Cela aussi, me semble remarquable.Dans ses textes, il insiste sur la possibilité que les enfants marchent pieds nus et gardent un contact charnel avec la terre. Il raille ce professeur qui enseigne la biologie aux enfants, mais qui les empêche de monter aux arbres !Tagore parle de la nature comme les Amérindiens en parlent, c’est un poète comme Prévert parle des arbres et des oiseaux. Les mots de Tagore résonnent très fort dans ces temps de crise écologique que l’on traverse.₆
Alors , je voudrais parler des personnalités françaises qui sont venus à Santiniketan et nous ont donnés leur impression dans les secteurs différents. Il y a cent ans, Sylvain Lévi (1863-1935), professeur de langue et littérature sanscrites au Collège de France, débarquait dans le port de Colombo au Sri Lanka, le 1er novembre 1921. Il s’agit de son deuxième voyage en Asie, après une première mission en 1897-1898 qui l’a mené de l’Inde au Japon. Il est cette fois accompagné de son épouse Désirée, qui publiera quelques années plus tard le récit de ce voyage sous forme de lettres et journal1. La première étape de ce périple, qui les mène à nouveau de l’Inde au Japon, en passant par le Népal, l’Indochine et la Chine, est la région du Bengale, le village de Santiniketan2 en particulier. Situé à 180 km au nord-ouest de Calcutta, ce village est celui de Rabindranath Tagore (1861-1941). Poète, compositeur, romancier, dramaturge, peintre et philosophe, prix Nobel de littérature en 1913, Tagore soutint également le mouvement pour l’indépendance de l’Inde. Les Lévi resteront jusqu’à la mi-mars 1922 à Santiniketan, avant de partir pour plusieurs mois au Népal, et repasseront brièvement chez Tagore sur le chemin du retour au mois d’août de la même année. De ce séjour de Sylvain Lévi au Bengale, la bibliothèque d’études indiennes conserve quelques photos (tirages sur papier, plaques de verre) qui illustrent en partie le récit qu’en a fait Désirée Lévi : description de leur habitat, de la campagne environnante, d’une fête chez les Bauls, etc. La bibliothèque possède également les œuvres de Tagore, dans leur édition originale en bengali, mais aussi dans leurs traductions françaises et anglaises, ainsi que quelques raretés comme une traduction du Bourgeois gentilhomme en bengali par Jyotirindranath Tagore, frère de Rabindranath.₇
Sylvain Levi qui était le premier professeur invité français, est venu à Viswa Bharati, Santiniketan en 1921 , dont collaboration a fait l’initiative de Tagore pour établir son université. Sa relation avec France et les français aussi a joué un rôle important dans le contexte mondial. L’autre personne, Andrée Karpeles ( 1885 – 1956) , peintre française . Elle est venue à Santiniketan et est y restée pendant cinq mois. Elle a donné sa réflexion dans la vie de Santiniketan. « Bichitra Karu Sangha» a été établi par l’initiative de Pratima Devi et madame Andrée.
À l’heure où, en France, la crise de l’institution scolaire pousse de nombreuses familles à tourner le dos au système d’enseignement classique pour s’orienter vers des écoles alternatives, l’œuvre de Tagore, dont les textes ont plus de cent ans, frappe par son actualité en écho à des problématiques contemporaines. Tagore, nous disent les auteurs, est sans doute « un très important penseur de l’éducation, un théoricien majeur et incontournable ». Et pour cause, Tagore fait partie de ces quelques penseurs à avoir expérimenté ses principes au sein d’une école de plein air et d’une université, toujours en activité, situées à Santiniketan au Bengale occidental de l’Inde.₈ La pensée de Tagore est incontournable. À l’heure où les écrans de tout poil ne cessent de pénétrer le milieu scolaire et familial, s’interposant et « faisant écran » à toutes velléités d’élaboration de lien social, la pensée de Tagore est incontournable. À l’heure où les défis écologiques se posent plus que jamais pour les générations actuelles et futures, la pensée de Tagore est incontournable.
Références
Arthur j. Nodel( Editor & translator), Saint- John Perse : Lettrs, 1979
« With great difficulty I secured his address, and one day walked up many flights of dingy stairs to a flat on the top floor of an apartment house and knocked. I had never met Rolland nor even seen any photograph of the author. A frail-looking, oldish figure of a schoolmaster type opened the door and I was not much impressed by his appearance. The name was so much more romantic. His books and his name had conjured up in my imagination the picture of a very attractive personality. Now that I had met him at last I did not know what to say. I soon found out that Rolland did not speak a word of English, and my smattering of French was of little use. So I hastily left without fulfilling my mission. » (Rathindranath Tagore, On the Edges of Time [1958], Calcutta, Visva-Bharatti Publishing Department, 2010, p. 128) (Sauf indication contraire, je traduis moi-même en français les citations en langue étrangère.)
André Gide, L’Offrande lyrique, Paris, 1963
« Whilst taking a morning walk with my wife and Andrée Karpelès along the fringe of the Bois du Boulogne behind Auteuil, our friend pointed out a house with a curious modernistic architecture, saying that was where Gide lived. She also mentioned at the same time that he was very eccentric and never received any visitors. We, however, made up our minds to take our chance and knocked at his door. After waiting a few minutes we knocked again. […] suddenly the door was opened by a man in a flowing dressing gown. He stared at us for a moment, flung the doors wide open and disappeared in a trice. For a while we only saw a flying figure running up the stairs two at a time only to vanish in the mysterious and quaint interior of the house. Andrée explained it was nothing but shyness that had made Gide behave like this. » (ibid.)
https://lareleveetlapeste.fr/rabindranath-tagore-nous-montre-quon-ne-seduque-pas-seul-mais-avec-les-autres/ ( 10.04.2024)
https://books.openedition.org/ugaeditions/509?lang=en( 10.04.2024)
https://archibibscdf.hypotheses.org/9984 (11.04.2024)
https://ouvroir.fr/lpa/index.php?id=184 ( 11.04.2024)