September 1, 2024

Co-constructing Intercultural Competence: Challenges, Dilemmas and Delights

LOKOGANDHAR ISSN : 2582-2705
Indigenous Art & Culture

Dr Varun Dev Sharma
Department of French and Francophone Studies
School of Languages
Doon University
Dehradun

Abstract
The aim of this paper is to explore the importance of intercultural competence in teaching French as a foreign language and the strategies to promote it in the classroom. It also looks at how intercultural competence is co-constructed in BA courses at Doon University, highlighting global simulation activities and collaboration with French and Francophone institutions. Furthermore, it discusses the challenges and dilemmas encountered and the delightful activities undertaken for the transmission of this competence. Intercultural competence in teaching French as a foreign language is a fundamental aspect, enabling learners to better understand and interact with Francophone cultures. To foster it in the classroom, various strategies can be adopted, such as the use of authentic materials, intercultural exchanges and awareness of cultural differences.
This article discusses a case study of the co-construction of intercultural competence at Doon University through global simulation activities that immerse learners in realistic situations and collaborations with French and Francophone institutions. This approach establishes an authentic immersion in French and Francophone cultures and encourages intercultural interactions. This whole process of intercultural exchange presents itself as a delight that makes classes more interesting and motivating. However, the transmission of intercultural competence is not without obstacles. Certain challenges can hinder the process. In addition, teachers are often faced with ethical dilemmas regarding how to present and discuss certain sensitive cultural realities. Thus, this article highlights the importance of intercultural competence in FLE, the strategies to promote it in the classroom and its development in the context of French courses offered at Doon University.
Key words: FLE didactics, co-construction, intercultural competence, cultural exchange, global simulation

Co-construire la Compétence Interculturelle : Défis, Dilemmes et Délices

Dr Varun Dev Sharma

Department of French and Francophone Studies

School of Languages

Doon University

Dehradun

Résumé

Le présent article a pour objectif d’explorer l’importance de la compétence interculturelle dans l’enseignement du français langue étrangère ainsi que les stratégies pour la promouvoir en classe. Il se penche également sur la manière dont la compétence interculturelle est co-construite dans les cours de niveau BA (licence) à l’Université de Doon, en mettant en avant les activités de simulation globale et la collaboration avec des institutions françaises et francophones. En outre, il aborde les défis et dilemmes rencontrés et les activités des délices entamées pour la transmission de cette compétence.La compétence interculturelle en didactique du FLE est un aspect fondamental, permettant aux apprenants de mieux comprendre et interagir avec les cultures francophones. Pour la favoriser en classe, diverses stratégies peuvent être adoptées, telles que l’utilisation de supports authentiques, les échanges interculturels et la sensibilisation aux différences culturelles.

Cet article parle d’une étude de cas de la co-construction de la compétence interculturelle à l’Université de Doon à travers des activités de simulation globale qui plongent les apprenants dans des situations réalistes et des collaborations avec des institutions françaises et francophones. Cette approche instaure une immersion authentique dans les cultures françaises et francophones et encourage les interactions interculturelles. Tout ce processus de l’échange interculturel se présente comme délice qui rend les cours plus intéressants et motivants.Cependant, la transmission de la compétence interculturelle n’est pas sans obstacles. Certains défis peuvent entraver le processus. De plus, les enseignants sont souvent confrontés à des dilemmes éthiques concernant la manière de présenter et de discuter de certaines réalités culturelles sensibles.Ainsi, cet article met en lumière l’importance de la compétence interculturelle en FLE, les stratégies pour la promouvoir en classe et son développement dans le cadre des cours du français offerts à l’Université de Doon.

Mots clés : didactique du FLE, co-construction, compétence interculturelle, échange culturel, simulation globale

Abstract

This article deals with the importance of intercultural competence in teaching French as a Foreign Language, as well as strategies to promote it in the classroom. It also examines how intercultural competence is co-constructed in undergraduate courses at the Doon University, highlighting global simulation activities and collaboration with French and Francophone institutions. Additionally, it addresses the challenges and dilemmas encountered and enriching activities conducted in order to transmitthis very competence.Intercultural competence in Didactics of FLE enables learners to better understand and interact with Francophone cultures. Various strategies can be adopted in order to develop the intercultural competence, such as using authentic materials, engaging in intercultural exchanges, and raising awareness of cultural differences.

The article also discusses a case study related to co-construction of intercultural competence at Doon University through global simulation activities that immerse learners in realistic situations and collaborations with French and Francophone institutions. This approach promotes authentic immersion in French and Francophone cultures and encourages intercultural interactions. This kind of exchange could be a delightful process which makes courses more interesting and motivating. However, transmitting intercultural competence is not an easy task. Some challenges may hinder the process. Additionally, teachers often face ethical dilemmas as to how to present and discuss certain sensitive cultural realities.Therefore, this article tries to highlight the importance of intercultural competence in FLE, strategies to promote it in the classroom and its development within courses offered at the Doon University.

Key words: Didactics of FLE, co-construction, intercultural competence, cultural exchange, global simulation

Introduction

Langue et culture sont étroitement liées : il est impossible de concevoir l’une sans l’autre. C’est pourquoi l’enseignement des langues a toujours accordé une primauté à la culture, celle qui a évolué avec les différentes méthodes pédagogiques linguistiques au fil du temps allant de la méthodologie traditionnelle à la méthodologie actionnelle.

L’introduction de la notion d’interculturalité en classe de langue étrangère s’est faite progressivement au fil du temps, en réponse à la reconnaissance croissante de l’importance de la dimension culturelle dans l’apprentissage des langues.L’avènement de l’approche communicative dans les années 1970 a mis l’accent sur la communication authentique et la compréhension culturelle. Les apprenants ont été encouragés à apprendre la langue dans des contextes culturels réels.Des cadres pédagogiques, tels que le Cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL), ont intégré la dimension culturelle en décrivant les compétences interculturelles nécessaires pour communiquer efficacement dans une langue étrangère.

L’interculturalité s’est effectivement affirmée comme l’un des principaux objectifs de l’approche actionnelle, privilégiée par le CECRL, en tant que compétence à développer chez les apprenants. Cette compétence interculturelle est envisagée comme une troisième culture que les apprenants acquièrent en classe en confrontant leur culture d’origine avec celle de l’autre. Cette rencontre donne lieu à un dialogue entre les deux cultures, établissantune nouvelle dynamique. Ainsi, l’accent n’est plus seulement mis sur l’enseignement/apprentissage de la culture cible, mais aussi sur l’influence de la culture source.

Selon Christian Puren, « la compétence interculturelle ne serait qu’une partie d’une compétence beaucoup plus large qu’il nomme compétence culturelle. La composante interculturelle est la capacité à identifier les incompréhensions et les origines des malentendus culturels qui surgissent lors des premiers contacts et des interactions ponctuelles avec des individus de cultures variées » (Puren, 2008). Les enseignants ont un rôle capitalà jouer dans la promotion de la construction conjointe de la compétence interculturelle parmi les apprenants. Celle-ci se forge à travers les interactions entre les apprenants, permettantdonc de réduire les risques de malentendus ou de préjugés.

Par ailleurs, l’intégration de la culture dans les méthodologies pédagogiques varie selon les approches éducatives. Certaines méthodes mettent l’accent sur un enseignement explicite de la culture, en incluant des éléments tels que des études culturelles, des comparaisons interculturelles et des activités axées sur la sensibilisation culturelle. D’autres approches adoptent une technique plus implicite, en intégrant la culture dans les activités linguistiques et en encourageant l’immersion dans des contextes culturels authentiques. Dans un contexte de classe de français langue étrangère (FLE), le développement de la compétence interculturelle vise à susciter un intérêt pour la compréhension de la langue et de la culture de l’autre. L’objectif est de permettre aux apprenants de développer une compréhension approfondie de la langue et de la culture cible, favorisant leur compétence communicative et leur sensibilité interculturelle. Cette approche inclut également l’exploration de toutes les cultures présentes dans la salle de classe, avec pour objectif la co-création de nouvelles significations pour des situations culturellement inédites. « Le concept d’interculturel renvoie ainsi à une dynamique relationnelle spécifique entre individus appartenant à des cultures différentes, visant à promouvoir l’acceptation mutuelle et à prévenir le rejet. Pour que le dialogue interculturel puisse s’établir, il est crucial de valoriser les valeurs et modes de vie de chaque groupe culturel impliqué » (Morales Roura, 2014).

Subséquemment, la compétence interculturelle prend une importance croissante dans le monde globalisé d’aujourd’hui. Alors que les sociétés deviennent de plus en plus diverses et interconnectées, la capacité à naviguer efficacement entre les différentes cultures et à communiquer au-delà des frontières culturelles est essentielle. Dans le contexte d’une salle de classe de français dans un environnement universitaire, l’enseignement de la compétence interculturelle va au-delà de l’apprentissage de la langue. Il implique le développement d’une compréhension et d’une appréciation des normes culturelles, des valeurs et des pratiques des communautés francophones à travers le monde (voir : sources 20 et 22).Le présent article examine donc les défis, les dilemmes et les délices de l’enseignement de la compétence interculturelle dans une salle de classe de français au niveau universitaire, plus particulièrement au niveau de BA (licence) à l’Université de Doon, située au pied de l’Himalaya dans la ville de Dehradun en Inde.

Naviguer les défis de la compétence interculturelle

L’Université de Doon est confrontée à un défi important, c’est la transmission de la compétence interculturelle aux étudiants. Dans un monde où les frontières sont de plus en plus poreuses et où les échanges interculturels sont courants, cette compétence devient un élément intrinsèque pour préparer les futurs citoyens du monde. Cependant, cette tâche n’est pas sans défis.

Les défis de la co-construction de la compétence interculturelle parmi les apprenants du français langue étrangère à l’Université de Doon, comprennent la nécessité de surmonter les barrières linguistiques et culturelles, de gérer les différences de valeurs et de normes, de privilégier la compréhension mutuelle et le respect, ainsi que de promouvoir un environnement inclusif où chacun se sent à l’aise de s’exprimer et de partager sa perspective culturelle. De plus, il peut être difficile de naviguer dans des contextes divers, où les attentes et les comportements peuvent varier considérablement d’une culture à l’autre. Enfin, la sensibilisation et l’éducation des enseignants et des apprenants sur les questions interculturelles peuvent également constituer un défi, nécessitant un engagement continu et des efforts pour développer une bonne base des compétences interculturelles.

Explorons maintenant les défis spécifiques auxquels les enseignants et les apprenants sont confrontés dans cette quête.

L’un des atouts majeurs de l’Université de Doon réside dans sa diversité étudiante. Les étudiants venant des régions différentesse retrouvent dans les salles de classe, apportant avec eux une richesse de perspectives culturelles. Toutefois, cette diversité constitue aussi un défi. Les différences culturelles, linguistiques et socio-économiques peuvent parfois entraîner des malentendus et des tensionsà cause du manque des connaissances approfondies. Une autre difficulté à laquelle l’Université est confrontée est celle des niveaux linguistiquesdifférents des apprenants. Le déséquilibre dans les niveaux langagiers peut entraver la communication interculturelle efficace. Les nuances culturelles se perdent dans la traductionet les malentendus peuvent surgir facilement. Selon Zarate, « les apprenants sont soucieux des prises de position par rapport auxquelles ils doivent se situer dans la mise en relation de langues de cultures différentes, et dans les situations où ils se trouvent en interaction avec des acteurs qui se référent à des systèmes de valeurs et des contextes linguistiques différents. »(Zarate, 1993).

La sensibilisation aux questions interculturelles est également un défi persistant. Tant les enseignants que les étudiants doivent être conscients des enjeux liés à la diversité culturelle et être formés pour y faire face. Certains apprenants peuvent avoir des préjugés ou une résistance initiale envers les cultures qui leur sont étrangères. Acquérir et développer la compétence interculturelle demande de la motivation et du respect face à l’autre et à sa culture (Ruben, 1985). Une personne qui connaît bien une culture et qui sait s’y adapter, mais qui considère cette culture comme inférieure (comme cela a été souvent le cas à l’époque coloniale), ne peut pas être considéré comme possédant une compétence interculturelle (Bartel-Radic, 2009). Il est donc indispensable de créer un environnement d’apprentissage inclusif où toutes les voix sont entendues et respectées et chaque culture est valorisée et célébrée. Encourager la curiosité, l’empathie et l’ouverture d’esprit est primordial pour favoriser une compréhension authentique et profonde des différentes cultures.

De même, les stéréotypes sur la France et les pays francophones peuvent influencer négativement la perception des apprenants et nuire à leur capacité à développer une compréhension véritablement interculturelle. De cette façon, comprendre les valeurs sous-jacentes des sociétés européennes posent parfois un défi pour les apprenants issus de milieux culturels différents.On peut dire par conséquent que le « complexe d’infériorité » que peut avoir le locuteur non national d’une langue est simplement le produit de malentendus et de préjugés(Byram, 2000). Pour contrer cela, il est essentiel de présenter des informations équilibrées et nuancées sur les cultures concernées, en mettant l’accent sur la diversité et la complexité de chaque société. C’estla responsabilité des enseignants de fournir des informations contextuelles et des exemples concrets qui illustrent les valeurs culturelles spécifiques des pays européens. Ils peuvent animer des discussions ouvertes et partager leurs expériences personnelles d’échange afin d’aider les apprenants à saisir les nuances culturelles et à développer leur sensibilité interculturelle. On doitinteragir, questionner et remettre en cause les stéréotypes, et ainsi, co-construire une vision plus authentique et respectueuse des cultures étrangères.

Dans un environnement où la langue et la culture françaises ne sont pas omniprésentes, concevoir des activités authentiques peut représenter un défi supplémentaire. Cependant, il est possible d’intégrer des éléments de la culture francophone à travers des ressources audiovisuelles, des interactions en ligne avec des locuteurs natifs et des projets collaboratifs internationaux. En encourageant les apprenants à explorer et à interagir avec la culture francophone de manière proactive, nous contribuons à enrichir leur expérience interculturelle malgré les limitations géographiques.De la sorte, la transmission de la compétence interculturelle nécessite un engagement institutionnel fort et des ressources appropriées. Il est impératif que l’Université mette en place des programmes d’études et des activités extra-scolaires qui impliquent l’interaction interculturelle et la réflexion critique sur les questions culturelles.

En somme, la transmission de la compétence interculturelle à l’Université de Doon est un défi de taille, mais un défi qui vaut la peine d’être relevé. En surmontant les obstacles liés à la diversité étudiante, au déséquilibre linguistique, à la sensibilisation vers les cultures différentes et à l’engagement institutionnel, peut jouer un rôle essentiel dans la formation de citoyens du monde compétents et respectueux de la diversité culturelle. Les enseignants, les apprenants et les autorités académiques peuvent transformer ces défis en opportunités d’apprentissage et de croissance personnelle et collective.D’ailleurs, au cœur de cette démarche se trouvent des dilemmes inhérents à la diversité culturelle et à la nécessité de favoriser la compréhension et l’harmonie au sein d’une communauté universitaire qui reflète la pluralité des sociétés contemporaines.

Comprendre les dilemmes liés à la compétence interculturelle

La co-construction de la compétence interculturelle parmi les apprenants de la langue française à l’Université de Doon présente des dilemmes complexes intimement liés à la richesse de la diversité culturelle et linguistique qui caractérise cet environnement académique. Au sein de cette communauté d’apprentissage, plusieurs dilemmes émergent, reflétant à la fois les opportunités et les obstacles inhérents à la rencontre de différentes cultures à travers l’apprentissage d’une langue commune.Ces dilemmes apparaissent lorsqu’on cherche les démarches pour relever les défis.C’est pourquoi enseigner la compétence interculturelle aux apprenants de la langue française à l’Université de Doon est une tâche enrichissante mais complexe qui aboutit sporadiquement à certains dilemmes.

Comme nous l’avons constaté dans la partie précédente, les apprenants de la langue française partagent une langue régionale commune, à savoir le hindi, ils peuvent quand-même provenir de contextes linguistiques et socio-culturels différents, ce qui peut rendre la communication interculturelle complexe. Les différences de registre de langue peuvent créer un dilemme concernant la transmission de la langue cible qu’est le français. La gestion de cette diversité en classe de FLE implique de reconnaître et de respecter les différences individuelles. Ceci exigeégalement des efforts supplémentaires pour faciliter la communication efficace entre les apprenants. Les différences dans les normes sociales, les valeurs culturelles et les attitudes envers les relations interpersonnelleset d’autres aspects de la vie quotidienne peuvent conduire à des incompréhensions et des conflits entre les apprenants de la langue française à l’Université de Doon. Il est nécessaire de mettre en place des stratégies pédagogiques adaptées pour répondre aux besoins spécifiques de chaque groupe, en tenant compte de leurs expériences antérieures, de leurs compétences linguistiques et de leurs sensibilités culturelles.

En outre, la question de l’évaluation et de la mesure de la compétence interculturelle représente un défi considérable. La compétence interculturelle est souvent difficile à définir et à évaluer de manière objective, en raison de sa nature complexe et contextuelle. Pour pouvoir évaluer des instruments de mesure de la compétence, il faut au préalable s’interroger sur leurs raisons d’existence, et les objectifs de leur utilisation (Bartel-Radic, 2009). Concevoir des méthodes d’évaluation appropriées qui tiennent compte des diverses dimensions de la compétence interculturelle peut s’avérer être un défi de taille pour les enseignants et les responsables pédagogiques. Les enseignants font des efforts pour créer un mécanisme afin d’évaluer la compétence interculturelle des apprenants.

« Les personnes qui ont bénéficié d’une interaction en grande partie monoculturelle n’ont accès qu’à leur propre vision du monde culturel ; elles sont donc incapables d’interpréter la différence entre leur propre perception et celle des personnes d’origines culturellement différentes » (Labbate, 2019). Promouvoir une interaction interculturelle authentique nécessite par conséquent la création d’un environnement propice à l’échange et au partage entre les apprenants de différentes cultures. Cela implique d’entretenir la communication ouverte et le respect mutuel, de mettre en place des activités de groupe stimulantes et de promouvoir la curiosité et l’empathie envers les cultures différentes. Les enseignants doivent également être des facilitateurs actifs de l’interaction interculturelle, en encourageant les échanges interpersonnels et en fournissant un soutien approprié aux apprenants qui rencontrent des difficultés à s’adapter à l’apprentissage de la culture française et francophone.

Un autre dilemme auquel les enseignants font face, c’est l’accès aux ressources pédagogiques à exploiter pour transmettre la compétence interculturelle chez les apprenants et leur sélection. Pour offrir une expérience d’apprentissage authentique et enrichissante, il est vital de disposer de documents pédagogiques authentiques qui reflètent la diversité de la réalité culturelle des francophones. Cela peut inclure des articles de presse, des extraits de livres, des vidéos, des chansons ou des films provenant despays francophones. Ces ressources permettent aux apprenants de découvrir la diversité linguistique et culturelle du monde francophone tout en développant leurs compétences linguistiques et leur compréhension interculturelle. Puisque l’Inde n’est pas un pays francophone, il est très souvent compliqué de trouver un bon répertoire des documents authentiques et si l’on arrive à en trouve à l’aide de l’informatique, les enseignants se voient contraints d’élaborer les activités pour mettre en place la co-construction de la compétence interculturelle en classe de FLE.

Enfin, il est parfois fastidieux de trouver un équilibre entre l’enseignement de la culture cible (la culture francophone) et la reconnaissance et la valorisation des cultures d’origine des apprenants. Lorsqu’un apprenant apprend une langue et une culture étrangère, sa langue et sa culture d’origine entrent en contact de façon implicite voire explicite avec la langue et la culture cibles. Les enseignants doiventdonc veiller à ce que les contenus culturels présentés en classe reflètent la diversité du monde francophone tout en offrant des occasions aux apprenants de partager et de célébrer leur propre culture. Cela permet de créer un environnement d’apprentissage positif et participatif où chaque étudiant se sent pris en compte et où la diversité culturelle est célébrée.L’approche doit être adoptée en fonction du niveau linguistique et du milieu socio-culturel des apprenants afin de garantir une compréhension optimale.Les enseignants se doivent d’incorporer de la réflexion créative dans les activités pédagogiques pour rendre l’apprentissage de la culture française à la fois fructueux et ludique.

De cette façon, la co-construction de la compétence interculturelle chez les apprenants de français à l’Université de Doon requiert une approche holistique et sensible qui reconnaît et valorise la diversité culturelle tout en favorisant l’ouverture d’esprit, la communication interculturelle et le respect mutuel.Tenant compte les défis et les dilemmes, les enseignants se tâchent de mettre en place des activités interactives et intéressantes pour donner l’engouement au concept interculturel et d’aider les apprenants du françaisàco-construire la compétence interculturelle.

Savourer les délices pour développer la compétence interculturelle

Pour surmonter ces dilemmes, l’Université de Doon prend des mesures pour mettre en œuvre diverses stratégies et initiatives, telles que des programmes de sensibilisation interculturelle, des activités de groupe favorisant l’échange culturel et des opportunités d’apprentissage expérientiel qui encouragent les interactions interculturelles pour que les apprenants puissent naviguer efficacement dans un monde de plus en plus interconnecté.

La co-construction de la compétence interculturelle parmi les apprenants de la langue française pourrait être une expérience délicieuse et enrichissante, empreinte de diversité, d’échange et de découverte. Dans cet environnement académique, les délices de la co-construction de la compétence interculturelle se manifestent à travers une multitude d’activités et d’interactions qui facilitent l’apprentissage et le partage entre les étudiants de différentes origines culturelles. Ces activités sont notamment basées sur les quatre composantes de la compétence interculturelleléguées par le CECRL : le savoir culturel, savoir-faire culturel, le savoir-être culturel, le savoir-apprendre culturel.« La démarche proposée préconise que le professeur fasse tout d’abord découvrir aux apprenants les instruments linguistiques grâce à la démarche actionnelle où l’action des apprenants est première, ceci permettant de répondre à leurs besoins. Ensuite, nous cherchons à mettre en contact les deux cultures, afin que s’opère un dialogue, par l’introduction de contenus culturels, d’interactions verbales et non-verbales, qui permettent de mettre en pratique les objectifs linguistiques et d’apprentissage. Ainsi, les apprenants peuvent s’approprier la culture de l’Autre et interagir » (Ingrassia, 2015). Ci-dessous quelques activités mises en place par les enseignants de l’Université qui peuvent susciter l’intérêt et le plaisir chez les apprenants et les motiver dans leur apprentissage interculturel.

En premier lieu, les cours de langue française offrent une plateforme idéale pour explorer et célébrer la diversité culturelle. Le curriculum porte les cours sur les quatre compétences linguistiques, l’histoire, la littérature et la culture françaises et francophones. En apprenant la langue de Molière, les étudiants sont de même immergés dans les cultures francophones du monde entier, découvrant par suite une richesse de traditions, de coutumes et de perspectives uniques. Les activités de simulation globale sont un moyen pratique et ludique de transmettre les compétences différentes, surtout de présenter les aspects culturels et de faire entrer les cultures en contact. « La simulation globale se définit comme une méthode d’apprentissage qui consiste à créer un univers et des identités fictives, commeune démarche globalisante qui ne se réduit pas à une séquence d’exercices, s’inscrit dans la durée, se construit et se réalise comme un projet, débouche sur de nombreuses productions. Dans ce contexte, seront développées diverses interactions qui proposent à l’apprenant d’utiliser la langue de manière authentique. » (Mutet, 2003). Chaque projet de simulation globale devient une fenêtre ouverte sur un nouveau pays, une nouvelle culture, permettant aux apprenants de tisser des liens et d’approfondir leur compréhension du monde qui les entoure.

Les activités extrascolaires, telles que les clubs de conversation, les séances du cinéma français et francophone ou les événements culturels, constituent également des moments privilégiés pour la co-construction de la compétence interculturelle. Les apprenants doivent être amenés à réfléchir de manière critique sur leur propre culture et sur celle de la culture cible car le projet interculturel met en évidence une interaction authentique entre les cultures. Ces espaces informels favorisent les échanges authentiques et spontanés entre les étudiants, leur permettant de partager leurs expériences, leurs points de vue et leurs différences dans un cadre détendu et convivial. Ces interactions contribuent à renforcer les liens interculturels et à promouvoir le respect mutuel au sein de la communauté universitaire.

Les projets collaboratifs sont une autre dimension importante de la co-construction de la compétence interculturelle à l’Université de Doon. Travailler ensemble sur des projets de recherche, des présentations ou des travaux de groupe permet aux étudiants de mettre en pratique leurs compétences linguistiques tout en explorant des sujets d’intérêt commun. Ces collaborations transforment les différences culturelles en atouts, permettant aux étudiants d’apprendre les uns des autres et de développer des compétences essentielles telles que la communication interculturelle, la résolution de problèmes et le travail d’équipe.

En outre, les opportunités d’échange et les séjours à l’étranger grâce à des programmes mis en place par les missions diplomatiques françaises et francophones, offrent aux étudiants de l’Université de Doon l’opportunité unique d’approfondir leur compréhension interculturelle en vivant et en étudiant dans un pays francophone. Ces expériences immersives permettent aux étudiants de se familiariser avec des cultures différentes, d’améliorer leur maîtrise de la langue française et de développer une sensibilité accrue aux nuances culturelles. Ils reviennent dès lors enrichis de nouvelles perspectives et prêts à partager leurs expériences avec leurs pairs à l’Université de Doon.

Dans le cadre de l’engagement à promouvoir la compréhension interculturelle, les enseignants ont développé des activités visant à encourager les étudiants, à explorer et à co-construire les compétences interculturelles. Ces activités offrent une immersion interactive dans les cultures française et indienne, tout en favorisant l’échange et la collaboration entre les étudiants en groupes.

Pour démarrer en douceur au niveau débutant, on propose une expérience gustative et linguistique unique. Les étudiants sont invités à créer des vidéos présentant une recette fusion franco-indienne. En plus, d’apprendre le vocabulaire culinaire et les structures grammaticales nécessaires, ils utilisent l’impératif pour donner des instructions de cuisine. Cette activité stimulante engage les sens tout en renforçant les compétences linguistiques et culturelles.

Ensuite, plongeant dans le cœur de la démocratie française, cette activité de simulation globale, créée dans le cadre du cours de l’histoire de la cinquième République française, permet aux étudiants d’étudier et de simuler le processus électoral français. Les étudiants se présentent comme des candidats fictifs, préparant des discours persuasifs et des programmes électoraux. À l’aide d’urnes et de cartes électorales, les autres étudiants votent pour leur candidat préféré. Cette simulation vivante permet aux étudiants de comprendre de manière concrète le fonctionnement des élections françaises et d’établir des parallèles avec le processus électoral en Inde.

D’ailleurs, par le biais des vidéos comparatives faites par les apprenants, ilsexplorent les riches mythologies indiennes et grecques et francophones. Ils analysent les similitudes et les différences entre les traditions narratives, ouvrant donc des discussions fascinantes sur les valeurs culturelles et les croyances fondamentales.À la fin de cette activité, les apprenants téléchargent leurs créations visuelles sur YouTube. Cette activité permet à des francophones de se renseigner sur la mythologie indienne de façon interactive. Cette activité requiert une attitude, c’est-à-dire un savoir-être de la part de l’apprenant. « Ceci réfère à la décentration, en d’autres termes, à la capacité de l’apprenant à réfléchir sur ce qu’il apprend, sur les connaissances, comparer avec son système culturel. La compétence interculturelle sollicite aussi un savoir-comprendre : aptitude à établir un contact avec l’altérité, à le comprendre afin de jouer un rôle d’intermédiaire culturel et de gérer les malentendus » (Aslam-Yetis et Elibol, 2014).

Afin de fournir une expérience professionnelle et interculturelle, les étudiants ont l’opportunité de se comporter comme guides touristiquespour une journée, présentant les sites emblématiques de Dehradun à des visiteurs francophones. Ils créent des itinéraires détaillés, descriptifs des lieux et répondent aux questions des touristes, développant ainsi leurs compétences en communication interculturelle et en narration. Cette activité de simulation globale les met directement en contact authentique avec les francophones natifs.

À travers des projets collaboratifs et dans le cadre d’une convention signée, les étudiants échangentde temps en temps avec leurs pairs de l’Université de Liège et ceux de Haute École Libre Mosane à Liège (HELMo). Pendant la période de confinement liée à la COVID-19, les étudiants de l’Université de Doon ont mené un projet télécollaboratifintitulé Habiter,Migrer, Vivreavec les étudiants de HELMo. Ils ont partagé des témoignages visuels sur leur expérience du confinement, mettant en exergue la compréhension mutuelle et la solidarité. Ce projet a donné l’opportunité aux étudiantsappartenant aux cultures différentes de se connaitre, de partager leur vie et leurs opinions, de soutenir les uns les autres et de co-construire l’interculturalité.

En plus, à l’occasion des Jeux olympiques de Paris, les étudiants participent à des projets pédagogiques novateurs tels que des interviews des jeunes pour sensibiliser la communauté locale de Dehradun à la diversité des sportifs français, francophones et internationaux.

De surcroît, les enseignants encouragent activement les apprenants à participer à des programmes d’échange avec la France et la Belgique, tels que les bourses Erasmus+, Wallonie-Bruxelles International et le programme du service civique : France Volontaires. En effet, ces opportunités appellent les apprenants à se former comme médiateurs interculturels.L’Université bénéficie également du soutien des organes diplomatiques et des associations tels que les ambassades de France et de Belgique, ainsi que de l’Institut Français en Inde et du Bureau du Québec à Mumbai, pour faciliter ces possibilités uniques d’apprentissage interculturel et linguistique.

« Il serait plus judicieux, à notre avis, de parler des cultures-partenaires qui entrent en jeu et dialoguent au cours d’une rencontre interculturelle. On peut être d’accord ou non, accepter ou refuser des construits culturels, mais on est invité à trouver des moyens pour s’entendre et avancer » (Andreeva-Sussin, 2009). À cet égard, l’Université de Doon essaie d’adopter une approche pédagogique globale et immersive qui viseà mettre les cultures en contact et à cultiver une compréhension profonde et respectueuse, renforçant donc les compétences interculturelles essentielles. Les activités liées à la co-construction de la compétence interculturelle parmi les apprenants de la langue française à l’Université de Doonsont une aventure enrichissante qui célèbre la diversité et contribue à l’épanouissement personnel et académique. Grâce à une variété d’activités et d’initiatives, les étudiants sont encouragés à explorer, à apprendre et à grandir ensemble, créant ainsi un environnement d’apprentissage actif où chacun peut se progressersans porter aucun jugement de valeur.

Conclusion

Il va de soi que la co-construction de la compétence interculturelle parmi les apprenants du français langue étrangère à l’Université de Doon présente des défis multiples, mais aussi des opportunités stimulantes. Surmonter les barrières linguistiques et culturelles, gérer les différences de valeurs et de normes, tout en développant la compréhension mutuelle et le respect, représente un défi important dans un monde en évolution rapide. La diversité étudiante, bien que riche en perspectives culturelles, peut également poser des défis, notamment en termes de communication interculturelle et de gestion des niveaux linguistiques variés. Sensibiliser et éduquer les enseignants et les apprenants sur les questions interculturelles sont des éléments pertinents pour relever ces défis. La question de l’évaluation et de la mesure de la compétence interculturelle, ainsi que la sélection des ressources pédagogiques appropriées, représentent dans la même mesure des dilemmes complexes. Cependant, l’Université de Doon adopte une approche actionnelle en mettant en œuvre diverses stratégies et initiatives pour renforcer le développement de la compétence interculturelle chez les étudiants. Des activités telles que des cours de langue intégrant des éléments culturels, des projets collaboratifs et des séjours à l’étranger sont autant de moyens utilisés pour renforcer l’interaction et la compréhension bilatérales. En fin de compte, malgré les défis et les dilemmes rencontrés, la co-construction de la compétence interculturelle à l’Université de Doon est une entreprise enrichissante qui encourage la diversité et le progrès personnel et académique. De plus, les activités interactives telles que les débats, les jeux de rôle, les discussions en groupe ou les activités de simulation globale favorisent l’échange d’idées et la prise de conscience des différences culturelles. Grâce à un engagement institutionnel fort et à des initiatives innovantes, les apprenants sont invités à explorer, à apprendre et à grandir ensemble et contribuer à la construction d’un avenir plus interconnecté et respectueux de la diversité culturelle.

L’interculturel touche à des notions déjà prises en compte dans l’enseignement/apprentissage des langues mais dont les contenus englobent la culture et l’Autre. « Il s’agit des savoirs : connaissances à propos de la culture cible et source ; du savoir-être: nouvelles attitudes à adopter pour s’ouvrir à l’altérité, se décentrer, accepter qu’il existe d’autres valeurs valables; du savoir-comprendre: être capable d’interpréter et d’expliquer un évènement de la culture et de la mettre en relation avec sa culture ; du savoir-apprendre/faire : être capable de mobiliser les 3 savoirs précédents dans le but de nouvelles expériences et pour s’ouvrir à l’Autre » (Byram et al., 2002; Chaves et al., 2012). L’intégration de la dimension interculturelle dans le programme d’études est incontestablement essentielle pour enseigner la compétence interculturelle en classe de français langue étrangère dans une institution. Cette dimension permet aux étudiants d’explorer et de comprendre les différentes cultures francophones à travers des activités telles que l’étude de la littérature, des films, des chansons et des coutumes. En incorporant ces éléments culturels dans le programme, les étudiants peuvent développer leur sens de l’ouverture d’esprit, leur capacité à communiquer efficacement avec des personnes de différentes cultures et leur aptitude à s’adapter à des contextes multiculturels pour devenir acteurs sociaux (Voir : sources 20 et 21).L’importance de la compétence interculturelle en classe de français langue étrangère réside dans sa capacité à ouvrir les horizons des apprenants et à favoriser une meilleure compréhension du monde globalisé. En développant cette compétence, les étudiants sont en effet amenés à se confronter à des cultures différentes, ce qui leur permet d’acquérir une vision ouverte de la société dans une démarche curieuse et respectueuse.

Références

Aslim-Yetis, V., Elibol, H. 2014. « L’interculturalité à travers les méthodes de français « Latitudes 1/2 » et « Alter Ego 1/2 » dans Synergies : Turquie.

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