September 1, 2024

A Bourbon in Akbar’s Court: Strategies of Integration and the Influence of Mughal Syncretism

LOKOGANDHAR ISSN : 2582-2705
Indigenous Art & Culture


Dr. Rupam Datta
Assistant Professor,
AmityUniversity, Kolkata

Abstract
This article traces the role of Jean Philippe de Bourbon, Count of Clermont-en-Beauvaisis (1509-1572), as the founder of the Bourbon lineage of India. His extraordinary journey combines exile, adventure and the establishment of new family lineage in India
In this article, we will undertake a historical analysis to demonstrate that the settlement and integration of the Bourbons in India was facilitated by the Mughal Emperor Akbar, who was renowned for his syncretism, advocating the harmonious coexistence of religions and cultures. This created an environment conducive to the integration of the Bourbons, despite their foreign origin.
But to fully understand their successful integration, it is important to explore Jean Philippe de Bourbon’s motivations. What drove him to exile from France? Why did he undertake a long journey to India and choose to settle in the Mughal Empire? Why did Akbar grant a foreigner an important role in his court?
Finally, we must study the Bourbon family’s strategies of integration into Indian society. Did they adopt Indian customs, learn the Hindi language, and participate in local festivities?
By exploring these questions and taking into account the political, social, and cultural context of India at the time, this article aims to understand how the Bourbons of India managed to establish themselves and prosper in a foreign land, leaving a lasting legacy on Indian society, both culturally and in terms of relations between France and India.
Keywords: Jean Philippe de Bourbon, The Bourbons of India, Akbar, the Mughal Empire, Bhopal

Un Bourbon à la cour d’Akbar :  Stratégies d’intégration et influence du syncrétisme moghol

Résumé 

Cet article retrace le rôle de Jean Philippe de Bourbon, Comte de Clermont-en-Beauvaisis (1509-1572), en tant que fondateur de la lignée des Bourbons des Indes. Son parcours extraordinaire mêle exil, aventure et l’établissement de nouvelle lignée familiale en Inde

Dans cet article, nous entreprendrons une analyse historique visant à démontrer que l’installation et l’intégration des Bourbons en Inde ont été facilitées par l’empereur moghol Akbar, réputé pour son syncrétisme, prônant la coexistence harmonieuse des religions et des cultures.Cela a créé un environnement favorable à l’intégration des Bourbons, malgré leur origine étrangère.

Mais pour bien comprendre la réussite de leur intégration, il est important d’explorer les motivations de Jean Philippe de Bourbon. Qu’est-ce qui l’a poussé à l’exil de France ? Pourquoi a-t-il entrepris un long voyage vers l’Inde et choisi de s’établir dans l’Empire moghol ? Pourquoi Akbar a-t-il accordé un rôle important à un étranger à sa cour ?

Enfin, il faut étudier les stratégies d’intégration de la famille Bourbon au sein de la société indienne. Ont-ils adopté des coutumes indiennes, appris la langue hindi et participé aux festivités locales ?

En explorant ces questions et en tenant compte du contexte politique, social et culturel de l’Inde à l’époque, cet article vise à comprendre comment Les Bourbons d’Inde ont réussi à s’établir et à prospérer dans un pays étranger, laissant un héritage durable sur la société indienne, tant au niveau culturel que sur le plan des relations entre la France et l’Inde.

Mots clés : Jean Philippe de Bourbon, Les Bourbons d’Inde, Akbar, l’Empire moghol, Bhopal

Introduction

Jean Philippe de Bourbon, comte de Clermont-en-Beauvaisis (1509-1572), occupe une place centrale dans l’histoire des relations franco-indiennes. Il est considéré comme le fondateur de la lignée des Bourbons des Indes, fruit d’un parcours extraordinaire mêlant exil, aventure et implantation d’une nouvelle branche familiale en Inde. Son histoire passionnante illustre les échanges culturels et politiques qui se sont noués entre l’Europe et l’Asie du Sud au 16ème siècle.

Cet article se propose d’analyser les conditions historiques qui ont favorisé l’intégration réussie des Bourbons dans la société indienne. Le règne de l’empereur Akbar, réputé pour son syncrétisme et sa politique de coexistence harmonieuse entre les religions et les cultures, a fourni un terrain fertile à l’épanouissement des Bourbons malgré leur origine étrangère.

Pour comprendre pleinement cette intégration remarquable, il faut explorer les motivations d’Akbar pour lui accorder un rôle important dans sa cour.Enfin, il convient d’étudier les stratégies d’intégration de la famille Bourbon au sein de la société indienne. Ont-ils adopté des coutumes indiennes, appris la langue hindi et participé aux festivités locales ?

En explorant ces questions et en tenant compte du contexte politique, social et culturel de l’Inde du 16ème siècle, cet article vise à comprendre comment les Bourbons des Indes ont réussi à s’établir et à prospérer dans un pays étranger, laissant un héritage durable sur la société indienne, tant sur le plan culturel que sur le plan des relations entre la France et l’Inde. Les racines de la famille Bourbon en Inde remontent à XVIe siècle.

Jean Philippe de Bourbon, Comte de Clermont-en-Beauvaisis (1509-1572), est considéré comme le fondateur de la lignée des Bourbons des Indes. L’histoire de sa vie, son exil et l’établissement de sa nouvelle vie en Inde nous apportent de nouveaux éléments de compréhension du syncrétisme dans le régime d’Akbar.

Né en 1525 dans une famille noble et puissante, Jean Philippe de Bourbon était le cousin du roi François Ier. Il a grandi à la cour de France, où il a reçu une éducation raffinée et a développé des relations avec l’élite du pays. Il a également servi dans l’armée française, s’illustrant notamment lors de la bataille de Marignan en 1515.

En 1527, lors de la guerre d’Italie, Jean Philippe de Bourbon a été capturé par les troupes impériales et emprisonné pendant plusieurs mois. Après sa libération, il a été contraint à l’exil pour avoir conspiré contre le roi François Ier.C’est pendant cette période d’exil qu’il a entrepris un long voyage en mer qui l’a mené jusqu’en Inde. Les raisons précises de son voyage ne sont pas entièrement claires, mais il est possible qu’il ait été motivé par le désir d’aventure, de nouvelles opportunités ou par la fuite des persécutions religieuses.

Arrivée en Inde et établissement à la cour moghole

La création de la Compagnie française des Indes orientales en 1664 marque le début des ambitions coloniales de la France en Asie. Alors que la présence française se limitait initialement à quelques comptoirs commerciaux le long des côtes, la prise de Pondichéry en 1673 signifiait la volonté du royaume de devenir une puissance économique et politique dans cette région immense du monde. Cette initiative a été l’un des premiers signes de la politique d’expansion outre-mer que la France allait poursuivre au cours des siècles suivants, cherchant à établir des postes de commerce, à acquérir des territoires et à contrôler d’importants échanges commerciaux avec l’Orient.

Cependant, la découverte d’un commandant français au nom singulier, Jean-Philippe de Bourbon, a éveillé les soupçons des autorités françaises et a déclenché une enquête sur sa véritable identité.

En 1673, alors que les troupes françaises renforçaient leur présence à Pondichéry, un rapport des officiers du roi a révélé un détail surprenant : le commandant des forces impériales s’appelait Jean-Philippe de Bourbon. Cette coïncidence frappante avec le nom de la famille royale française a intrigué les autorités, qui ont donc décidé d’enquêter sur l’origine de ce nom similaire.

Cependant, l’enquête a soulevé plus de questions qu’elle n’en a résolues. Les affirmations de Jean-Philippe de Bourbon étaient entourées de rumeurs et d’histoires fantastiques, laissant le gouverneur de Pondichéry dubitatif face à ses dires. Malgré cela, le gouverneur a envoyé le rapport au roi Louis XIV.

Jean-Philippe de Bourbon, qui avait des origines variées, affirmait être né d’une courte relation entre le connétable de Bourbon, Charles III, et la princesse Alaïque Al Timour. Cette information a causé une grande surprise à la cour de France, car Charles III de Bourbon (1490-1527) était une figure célèbre de l’histoire française.

Un fervent partisan des rois Valois, Charles III a été nommé connétable de France en 1521. Cependant, sa rivalité avec le roi François Ier s’est intensifié lorsque la famille de ce dernier a essayé de s’emparer les terres des Bourbons. Charles, humilié et désabusé, a trahi pour rejoindre les forces de l’empereur Charles Quint, espérant obtenir une principauté en Italie. Cependant, ses espoirs ont été anéantis lorsqu’il a été mortellement blessé par un coup de mousquet lors du sac de Rome en 1527.

En dépit de ses actes de trahison, Charles III de Bourbon, duc de Bourbonnais et connétable de France, demeure reconnu comme l’un des plus brillants stratèges militaires de son époque. Son talent indéniable sur le champ de bataille lui a valu une renommée incontestée, même si son héritage reste indissolublement lié à sa trahison envers la couronne de France. Sa décision de rallier les forces de l’empereur Charles Quint lors de la rivalité entre les Valois et les Habsbourg lui a valu le surnom infamant de “traître à la monarchie”, tachant à jamais sa réputation.

Jean-Philippe de Bourbon a affirmé avoir grandi en Navarre avant de fuir son pays après un duel malencontreux. Sa fuite l’a conduit en Sicile, où il a embarqué sur un navire marchand. Le sort, cependant, lui réservait une autre destinée : capturé par des pirates barbaresques, il a été vendu comme esclave en Égypte en 1541.

Sa captivité loin de l’Europe n’a pas marqué la fin de ses aventures, mais plutôt le début d’une ascension fulgurante. Grâce à son intelligence et à son courage, il a gagné la confiance du chef local, qui lui a confié des responsabilités importantes. Son destin a pris un nouveau tournant lorsqu’il s’est embarqué pour l’Éthiopie.

Son destin a pris un nouveau tournant lorsqu’il s’est embarqué pour l’Éthiopie, puis a débarqué à la cote de Malabar vers 1560, accompagné d’un prêtre et de deux amis. Après la mort de ses deux amis, Bourbon a poursuivi sa route vers le Bengale, puis a gagné Delhi où il a sollicité une audience auprès de l’empereur Akbar. Impressionné par le rang élevé de cet exilé et curieux de son histoire, l’empereur l’a convoqué et reçu avec distinction. Appréciant ses manières et sa conduite à la cour, Akbar, désirant le garder à son service, lui a proposé en mariage Lady Juliana, sœur de son épouse chrétienne.[i] Cette union lui a valu le titre convoité de “Mansabdar”, un haut dignitaire militaire et administratif.  Connue pour ses talents et sa maîtrise de la médecine européenne, cette dernière veillait sur la santé des femmes de la cour. Le mariage a été célébré et l’empereur a conféré à son nouveau beau-frère le titre de Raja de Shergarh. Il lui a également confié la charge du harem impérial, Lady Juliana intégrant le cercle des sœurs de l’empereur. Ce prestigieux office est resté aux mains de la famille Bourbon jusqu’au sac de Delhi par Nadir Shah en 1737.

Que se passe-t-il après la chute des Moghols ? Après le sac de Delhi par Nadir Shah, les Bourbons sont venus s’installer sur leur Jagir de Narwar [octroyé par l’Empereur Akbar] près de Gwalior. Cependant, les Scindias sont venus et les ont faits prisonniers [en 1780]. Les Britanniques les ont libérés et leur ont donné deux villages. La mère de Salvadore de Bourbon [1760-1815] lui a demandé de rencontrer cette Begum à Bhopal. Il est venu à Bhopal, l’a appréciée et y a amené sa famille. Lorsqu’ils sont arrivés à Bhopal, ils ont adopté toutes les coutumes et traditions musulmanes. Le fils de Salvadore, le célèbre Balthazar de Bourbon, s’est vu confier un poste administratif à Bhopal.

Quand les Bourbons sont arrivés à Bhopal, ils ont adopté toutes les coutumes et traditions musulmanes. Ils portaient des pyjamas, des kurtas et des duppatas même à l’église.

Rôle du syncrétisme d’Akbar dans l’intégration des Bourbons:

L’installation des Bourbons des Indes et leur intégration à la société indienne est un processus complexe qui a été influencé par divers facteurs, dont le syncrétisme religieux et culturel promu par l’empereur moghol Akbar. Ce syncrétisme, qui prônait la coexistence harmonieuse de différentes religions et cultures, a créé un environnement favorable à l’intégration des Bourbons, malgré leur origine étrangère.

Akbar le Grand était réputé pour sa tolérance religieuse et son intérêt pour les différentes confessions. Sous son règne, il a tenté à plusieurs reprises d’en apprendre davantage sur le christianisme et a invité des missionnaires chrétiens à sa cour.[ii]D’après des historiens, la première rencontre d’Akbar avec le christianisme aurait eu lieu en 1576. A cette époque, il aurait demandé aux autorités portugaises de Goa d’envoyer des prêtres à sa cour pour lui en apprendre davantage sur cette religion. Suite à cette requête, trois missions jésuites furent organisées à la cour d’Akbar entre 1580 et 1583. Les jésuites, parmi lesquels on compte Antonio Monserrate et Rudolf Aquaviva, passèrent un temps considérable à la cour impériale et nous ont laissé des récits détaillés sur les intérêts et les pratiques religieuses d’Akbar.[iii]Akbar était un homme d’une intelligence hors du commun, curieux du monde qui l’entoure, tolérant et prenant plaisir aux discussions philosophiques et religieuses. Son désir de trouver un système religieux qui comblerait toutes ses attentes était davantage motivé par ses penchants mystiques qu’un réel souhait de se convertir au christianisme.

Cependant, le comportement des missionnaires jésuites était souvent rigide, voire fanatique. Ils enfreignaient régulièrement les règles de l’étiquette de la cour et parlaient de manière désobligeante de l’islam et de son prophète, ce qui attisait le mécontentement et l’hostilité parmi les courtisans moghols. Malgré cela, l’autorité d’Akbar sauva souvent la vie des jésuites.

En fin de compte, la sincère quête de vérité spirituelle qui animait Akbar ne le mena pas à la conversion au christianisme, comme l’avaient espéré les jésuites. Sa propre synthèse religieuse, connue sous le nom de Din-i-Ilahi, intégrait des éléments de différentes religions, notamment l’hindouisme, le jaïnisme, le zoroastrisme et l’islam, mais n’embrassa pas pleinement le christianisme.[iv]

Akbar a également encouragé le métissage culturel, en intégrant des éléments persans, hindous et turcs dans la culture moghole. Cette ouverture aux influences extérieures a facilité l’adaptation des Bourbons aux coutumes et traditions indiennes.

Il a été avancé que la femme du roi moghol Akbar, décédé en 1605, Maryam Makani, aurait pu être une Portugaise nommée Maria Mascarenhas. Cette dernière avait une sœur du nom de Juliana, qui était également mariée à Jean-Philippe de Bourbon de Navarre. Ce mariage a officialisé son intégration à la société indienne et a renforcé ses liens avec la dynastie moghole. Il symbolisait un échange culturel et politique entre l’Europe et l’Asie, et marquait une alliance entre la dynastie des Bourbon et la prestigieuse famille moghole. Ils ont eu trois enfants : Henri, François et Madeleine de Bourbon.

Ce mariage était plus qu’une simple union entre deux personnes. Il symbolisait un échange culturel et politique entre l’Europe et l’Asie, et marquait une alliance entre la dynastie des Bourbon et la prestigieuse famille moghole.

Dans ses recherches sur les descendants de Jean-Philippe de Bourbon, le prince Michel de Grèce estime “certain que celui-ci [Jean-Philippe] était le fils de Charles III, le Connétable de France, le membre le plus riche, célèbre et puissant de la famille”[v]. Dans son livre Le Rajah de Bourbon, le prince Michel explique que Jean-Philippe a épousé la sœur portugaise de la femme chrétienne d’Akbar, s’est vu attribuer une grande quantité de terres et est devenu un Rajah (roi) en Inde.[vi] Il explique également comment Jean-Philippe était le premier roi Bourbon de France, le neveu de Henri IV, et comment, quelque temps avant 1560, il entreprit une aventure à travers le monde avant de se retrouver aux portes de l’empire d’Akbar.[vii] Son mariage ultérieur avec Lady Juliana, après qu’elle l’eut soigné lors d’une grave maladie et lui fut ensuite offerte par Akbar, donna naissance à une longue lignée de Bourbons à Bhopal, en Inde.[viii]

Jean Philippe de Bourbon est décédé en 1572 à Agra. Il a laissé derrière lui une descendance qui prospérera pendant des siècles en Inde. Dans son livre “L’Inde et ses princes indigènes”, Rousselet[ix](page 428) raconte l’histoire du prince J. P. de Bourbon. Selon le récit, après avoir servi longtemps l’empereur Akbar, il serait mort à Agra, laissant derrière lui deux fils nés d’une esclave géorgienne du palais. L’aîné de ces deux fils, Alexandre de Bourbon, également connu sous le nom de Sikandar de Bourbon, devint un favori de Jahangir, fils et successeur d’Akbar. L’empereur lui octroya le poste héréditaire de gouverneur du palais ainsi que l’important fief de Sirgarh (Shergarh).

Dans son célèbre ouvrage Le Fils du Connétable (1882)[x], Louis Rousselet raconte sa rencontre étonnante à Bhopal avec Isabelle de Bourbon, également connue sous le nom de Bourbon-Sirdar. Intrigué par la présence d’une princesse portant un nom aussi prestigieux en Inde centrale, il engage une conversation avec un prêtre local. Celui-ci lui apprend, à sa grande surprise, qu’Isabelle de Bourbon est une princesse chrétienne qui occupe une position importante au sein du royaume, juste derrière la Begum (reine). Cette rencontre inattendue pousse Rousselet à s’intéresser à l’histoire de cette famille et à la partager avec ses lecteurs.

Fasciné par la grâce et la distinction d’Isabelle de Bourbon, Louis Rousselet, l’illustre photographe et écrivain, est devenu un ardent défenseur de la cause des Bourbons de Bhopal. Son récit nous plongeait dans l’histoire captivante de cette famille princière, marquée par des alliances politiques, des rebondissements inattendus et une conversion à l’islam.

Après la chute de Delhi en 1739, les Bourbons ont obtenu le poste de Gouverneur, position qu’ils ont occupée jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Le prince François (Farad) II de Bourbon (1718-1778) a reçu le titre de Rajah de Shergar en guise de compensation, mais son règne a été tragiquement interrompu par son rival de Narwar.

Les survivants du massacre, Salvator II, ses fils et leurs cousins, ont trouvé refuge à Gwalior puis à Bhopal. En embrassant la foi musulmane, le fils de Salvator, Balthazar de Bourbon – Shazad Mashis(1772-1829), est devenu Premier ministre de 1820 jusqu’à sa mort, victime d’une conspiration orchestrée par des nobles afghans.

Son fils, Sébastien (ou Chohar-1830-1878), lui a succédé au poste de Premier ministre (1857) à une époque où l’Inde commençait à s’affaiblir sous la pression des assauts anglais. Il assurait à sa famille des revenus confortables et des palais somptueux.

Ainsi l’histoire des Bourbons de Bhopal s’entremêlait inextricablement avec celle d’une Inde impériale, britannique puis indépendante. En 1971, la perte de leurs privilèges princiers a contraint le père de l’actuel prince, Salvatore III (1917-1978), à exercer un emploi. C’est lui qui a engagé ce long combat pour la reconnaissance des droits de sa famille, perpétuant ainsi un héritage riche et complexe.

Dans son article de 1887 s’intitulé The Indian Bourbons publié dans The AsiaticQuarterlyReview, W. Kincaid, ancien fonctionnaire politique indien, met en lumière les facteurs clés qui ont permis aux Bourbons de s’intégrer avec succès au sein de la société indienne. Ce sont :

  • Conversion à l’islam: Un choix stratégique pour l’intégration

L’un des éléments clés de l’assimilation des Bourbons fut leur conversion à l’islam. Il est probable que Jean Philippe de Bourbon, fondateur de la branche indienne de la famille, et ses descendants aient choisi d’embrasser la religion majoritaire du pays pour faciliter leur intégration et gagner la confiance de la population musulmane. Cette conversion leur a permis de se rapprocher de la culture et des traditions locales, favorisant ainsi leur acceptation au sein de la société indienne.

  • Adoption de la culture et des traditions indiennes: Une immersion totale

Les Bourbons, désireux de s’intégrer pleinement à leur nouvelle patrie, ont fait preuve d’une remarquable ouverture d’esprit en adoptant la culture et les traditions indiennes. Ils ont appris la langue hindi, langue officielle de Bhopal, et se sont conformés aux codes vestimentaires locaux. Ils ont également participé aux festivités et coutumes locales, témoignant ainsi de leur respect et de leur intérêt pour la culture indienne.

  • Mariages mixtes: Des liens profonds avec l’élite indienne

Les Bourbons ont également renforcé leur intégration en contractant des mariages avec des familles nobles indiennes. Ces unions ont permis d’établir des liens profonds avec l’élite locale et de consolider leur position au sein de la société bhopaloise. Ces mariages mixtes ont également contribué à la diffusion de la culture et des traditions françaises au sein de la population indienne.W. Kincaid remarque dans son article :

Intermarriage with individuals of Oriental race appears by this history to have in no way detracted from either their mental or physical capacity, though it has darkened their complexions. Since their settlement in Bhopal, and probably, long before, they have found it necessary to assume the social customs and costume of their Moslem masters. 1 hey seclude their women from the public gaze, and all wear the Mahomedan dress. This may be necessary in a city like Bhopal, but it is not without its embarrassments; for instance, a short while ago, the present head of the family, failed in his efforts to marry his two sons to members of the Gardiner family of Lucknow, on account of the aversion of the young women to adopt European customs. The genealogical table shows another practice, viz., that the members of the family bear Moslem names in addition to their own. This extends even to the women, and is the result of the close intimacy between the family and the rulers. The kindly solicitude of the latter, and the friendly relations between Moslem and Christian, are honourable to both, probably in no other city in India, can be seen professors of these two faiths living in such amity, that, on occasion of their respective feasts and festivals, they eat and drink together.[xi]

Ses descendants, connus sous le nom de Bourbons des Indes, ont joué un rôle important dans l’histoire de l’État princier de Bhopal.

Conclusion

La filiation exacte de Jean Philippe de Bourbon avec la Maison de Bourbon française fait l’objet de débats et de controverses. La version officielle défendue par les Bourbons des Indes retrace leur ascendance à Charles III de Bourbon, connétable de France au XVIe siècle. Cependant, cette filiation n’a pas été prouvée de manière concluante et manque de documents historiques solides.

Malgré les incertitudes généalogiques, il existe des liens incontestables entre les Bourbons des Indes et la Maison de Bourbon française. Les deux familles partagent un ancêtre commun, Louis IX, roi de France au XIIIe siècle. De plus, des alliances matrimoniales entre les deux branches ont eu lieu au fil des siècles, ce qui a renforcé leurs liens familiaux.En conclusion, la question de la descendance et des liens de parenté entre les Bourbons des Indes et la Maison de Bourbon française reste complexe et non résolue définitivement.

Nous avons constaté que les Bourbons des Indes se sont intégrés dans la société indienne de différentes manières au fil du temps. Au début, ils ont cherché à établir des liens politiques avec les dirigeants locaux et à participer aux affaires politiques et administratives de leur région d’accueil. Certains membres de la famille ont également adopté la culture et la religion locales, ce qui a contribué à leur intégration sociale.

De plus, les Bourbons ont joué un rôle crucial dans le commerce et l’économie régionale, s’impliquant activement dans les échanges commerciaux locaux et internationaux. Leurs compétences et leurs ressources les ont souvent propulsés au sein de la classe marchande et commerciale, leur conférant une influence notable.

D’un point de vue culturel, les Bourbons ont parfois adopté les coutumes et les traditions locales tout en préservant leur propre héritage culturel. Les mariages avec des familles locales ont également favorisé leur intégration sociale et culturelle.


[i]Iyengar, I. (2018). The Bourbons and begums of Bhopal : the forgotten history. Paper Missile, an imprint of Niyogi Books.

[ii]Kuczkiewicz-Fraś, Agnieszka. 2011. Akbar the Great (1542-1605) and Christianity. Between Religion and Politics. Orientalia Christiana Cracoviensia 3. 75-90. 

[iii] Smith, V. A. (1917) Akbar the Great Mogul, -1605. Oxford, Clarendon press. [Pdf] Retrieved from the Library of Congress, https://www.loc.gov/item/18002677/.

[iv] Sadia, Khadija S., “Akbar’s Religious Reforms: Unifying Mortal Enemies” (2019).Honors Capstones. 117.

https://huskiecommons.lib.niu.edu/studentengagement-honorscapstones/117

[v]Prince Michael of Greece (29 March 2017). “The Emperor Akbar’s Wives”.www.princemichaelschronicles.com.

[vi]Ibid.

[vii]Chrisafis, Angelique (3 March 2007). “Found in India: the last king of France”. the Guardian. Retrieved 26 October 2018.

[viii]Gréce, M. d., & Raza, S. (2010). The Raja of Bourbon. Roli Books. http://public.eblib.com/choice/PublicFullRecord.aspx?p=6509050

[ix] Rousselet, L. (1975). India and Its Native Princes: Travels in Central India and in the Presidencies of Bombay and Bengal. India: B.R. Publishing Corporation.

[x] ROUSSELET, L., & PRANISHNIKOV, Y. (1882). Le Fils du Connétable. Ouvrage illustré … par Y. Pranishnikoff.

[xi]Kincaid, W. (1887). The Indian Bourbons. In D. Boulger (Ed.), The Asiatic Quarterly Review (Vol. 3, January – April, pp. 1-?). London: T. Fisher Unwin.

  • Chrisafis, Angelique (3 March 2007). “Found in India: the last king of France”. The Guardian. UK. https://www.theguardian.com/world/2007/mar/03/india.france?CMP=share_btn_url Accessed on 2/5/24
  • “Lost in France, found in India”. The Telegraph. Kolkota, India. 5 March 2007a. Archived from the original on 7 March 2007.
  • https://archive.ph/20130203163930/http://telegraphindia.com/1070305/asp/nation/story_7469891.asp  Accessed on 2/5/24